Qu'est-ce que l'Institut Eléazar ?

Fondé le 11 août 1990, par Serge Caillet, sous la présidence d'honneur de Robert Amadou (1924-2006), l'Institut Eléazar fêtera ses 20 ans cette année.
L'Institut Eléazar, qui n'est pas un ordre initiatique, rassemble dans l'indépendance des hommes et des femmes de désir soucieux d'étudier en toute liberté l'oeuvre de Martines de Pasqually (1710 ?-1774) et de Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803).
Ce blog de l'Institut Eléazar est principalement consacré à l'actualité du martinisme : publications, études, découvertes, manifestations...

Ce blog complète le site officiel de l'Institut Eléazar : www.institut-eleazar.fr

mercredi 6 janvier 2010

Les Cahiers verts


Le dernier numéro (4, 2009) des Cahiers verts, organe du Grand Prieuré des Gaules, vient de paraître. Trois articles ont plus particulièrement retenu mon attention : « la science initiatique de l’homme » sous la plume de l’ami Jean-Marc Vivenza, qui correspond à une communication faite en 2008 lors d'un colloque en Avignon; un dossier sur le « haut et saint ordre » et une correspondante inédite de Guénon.

Qu’est-ce que le « haut et saint ordre » allégué dans certains textes du rite écossais rectifié ? C’est une société idéale. Rien d’une classe secrète, encore que d’aucune classe secrète (qui perd malheureusement son âme en s’affichant et se vulgarisant) n’y soit pas tout à fait étrangère. Rien non plus, c’est l’évidence, d’un ordre structuré, fut-il celui des élus coëns. Au vrai, le haut et saint ordre rejoint, à moins que ne l'y identifie, l’Eglise intérieure décrite par Lopoukhine et Eckartshausen, et la Société des Indépendants mise en scène dans le Crocodile de Saint-Martin (qu’on se gardera de confondre avec toute succursale contemporaine qui ne peut être, au mieux, que son incarnation temporaire et imparfaite). Le haut et saint ordre est l’ordre essentiel et intemporel des élus de l’Eternel qui sont les vrais rose-croix. Depuis toujours et à jamais. Mais il advint cependant que cet ordre s’incarne et se manifeste dans l’histoire des hommes, et le rite écossais rectifié, franc-maçonnerie parfaite, ou aspirant à la perfection, aux yeux des frères dudit régime, incarne donc le « saint ordre », selon Jean-Baptiste Willermoz et les siens. Il l’incarne sans confusion ni séparation, en filiation spirituelle, comme d’autres sociétés humaines avant lui, où les fondateurs du rite écossais rectifié ont vu les esséniens et l’Ordre du Temple. Prenons garde : en l’espèce, se serait pécher contre l’esprit que de confondre la source et les cours d’eau, voire l’ombre projetée au sol avec la lumière qui en est à l’origine.

Alors qu’il vivait au Caire, René Guénon eut de nombreux correspondants – et informateurs, parfois quasiment dans le sens policier du mot. Nombreuses sont ses lettres publiées ou exploitées ces dernières décennies. Et il en reste encore beaucoup qui ne l’ont pas été, conservées dans des collections privées. Mais voilà que Michel Chazottes a eu la surprise de découvrir « par hasard » 93 lettres de Guénon à son ami provençal Tony Grangier, vendues par un marchand ignorant vraisemblablement tout de l’auteur. Michel Chazottes en a tiré la matière d’un article « René Guénon et la Provence - Correspondance inédite avec son ami Tony Grangier », qui apporte quelques éléments inédits sur Guénon, dont on découvrira ici un visage un peu plus humain que d’ordinaire. Mais ces lettres montrent surtout, une fois de plus, comment celui-ci se renseignait sur à peu près tout ce qui intéressait l’actualité du microcosme initiatique français. Rien de bien nouveau hélas, en dépit d’une belle trouvaille dont il faut féliciter Michel Chazottes, qui en profite pour tirer de l’oubli Tony Grangier.


Serge Caillet