Roger Dachez, fils spirituel de René Guilly, qui préside aujourd’hui l’Institut maçonnique de France, et Jean-Marc Pétillot, ancien grand maître de la Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra, viennent de faire œuvre de bienfaisance en offrant aux amateurs, profanes ou initiés, un « Que sais-je ? » sur Le Rite écossais rectifié (PUF, 2010). Quoiqu’ils aient eu l’un et l’autre l’autorité et les compétences pour entreprendre sa rédaction, l’exercice n’en était pas moins difficile. En quelques 120 pages, le voici pleinement réussi.
La première partie de l’ouvrage est consacrée aux « aspects historiques » du RER : l’écossisme au XVIIIe siècle, la légende templière et la Stricte Observance, l’illuminisme, les trois lumières que sont Martines de Pasqually, Jean-Baptiste Willermoz et Louis-Claude de Saint-Martin. L’apport de Martines, le rôle de Willermoz, l’influence de Saint-Martin qu’il convient de ne pas surévaluer, sont ici replacés dans leur contexte. Quelques pages, enfin, sont consacrées aux heurs et malheurs du RER aux XIXe et XXe siècles.
La seconde partie : « structures, pratiques, doctrine », pose les questions essentielles de la double structure du RER, des sources et des spécificités des quatre grades symboliques, de l’Ordre intérieur et de son idéal chevaleresque, de la grande profession, et, enfin, de la doctrine spirituelle. Cette dernière question – ou peut-être s’agit-il d’un problème ? – passe par un inventaire des sources historiques, non pas d’une histoire révisée dans le sens du vent, ou réécrite, mais étudiée avec soin comme elle l’a été – enfin ! – ces dernières décennies. La réponse formulée par Roger Dachez et Jean-Marc Pétillot tient en quatre points (comme il est normal au RER !) : d’abord, le RER est « une maçonnerie pleine et entière », ensuite l’héritage martinésiste est à préserver, défendre et cultiver, enfin, « l’Ordre est chrétien » et le RER propose une spiritualité.
8000 francs-maçons, rappellent les auteurs, pratiquent aujourd’hui le Rite écossais rectifié. Mais combien, parmi eux, le connaissent ? Ce « Que sais-je ? », où les maçons du RER comme leurs frères et sœurs d’autres rites trouveront de quoi s’instruire, devrait permettre une meilleure connaissance de cette forme maçonnique originale. Quant à moi, lorsqu’on me demandera quoi lire sur le Rite écossais rectifié, je saurais désormais, sans hésitation, quoi répondre.
Serge Caillet
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