Il y a, me disait l’autre jour Sagi Nahor,
« un ange du Traité sur la
réintégration », c’est-à-dire de l’œuvre majeure de Martines de Pasqually,
que Saint-Martin conserva précieusement, de même que l’ensemble des rituels coëns de
réception et d’opération, jusqu’à son rappel à Dieu. Or, cet ange souffle aussi
sur l’œuvre du Philosophe inconnu, et il souffle encore, Dieu voulant, sur de
modernes héritiers de Saint-Martin et de son premier maître.
« Le Traité
de Martines de Pasqually pourra bien vous occuper non seulement plus de quelques
mois, mais en permanence. Car c’est (et c’était pour Saint-Martin) l’ouvrage de
référence constante. Impossible de rien comprendre au martinisme de
Saint-Martin sans éclairer toutes ses affirmations et toutes les allusions de
celui-ci à l’aide du Traité ».
Ainsi, Robert Amadou fixait-il notre programme de travail, dans une lettre à
son perpétuel débiteur, le 19 avril 1985. Ce programme, Sagi Nahor l’a suivi
pour son compte, sans désemparer, mûrissant
une réflexion que le Philosophe inconnu, notre vénérable maître commun, n’aura
pas désavouée avec le temps, puisque le temps est désormais propice – que
dis-je ? il exige - de sortir du silence pour manifester, dans l’amour et
la rectitude, le bien qui se fait sans bruit.
Les travaux de l’auteur publiés sous le titre Sophia du désir (Lulu, 2012) ressortissent d’un martinisme
sans fard, au cœur de la Tradition. De
quoi méditer et s’instruire, à l’école des vieux maîtres que sont tout ensemble
Papus, Saint-Martin et Martines, dont Sagi Nahor, leur disciple contemporain,
modeste et lucide, perpétue et renouvelle aujourd’hui la parole.
Ce livre se présente par conséquent comme un antidote des plus utiles, offert
à tous les Philosophes de l’Unité, au service de l’Unique, contre l’ignorance
et la captation mercantile, Internet aidant, dont d’aucuns font leur fonds de
commerce ou l’exutoire de leurs fantasmes. Il sera des plus utiles aussi contre
les diviseurs en tous genres, que manipule à l’envie le grand Diviseur. Il
contribue ainsi, je le crois, à l’union qui anticipe et actualise dans le temps et
l’espace la réintégration universelle de tout être et de toute chose dans son
principe.
Au
seuil des pages de ce livre, j’ai porté témoignage, et de porter témoignage m’honore, il
va de soi. Mais ce témoignage n’est pas une leçon, car la leçon m’horrifie,
tant résonnent à mes oreilles ces paroles du Philosophe inconnu :
« J’ai vu généralement dans le monde que c’était ceux qui ne savaient pas
les vérités, qui étaient les plus empressés de les dire ». Fortes de tant
d’années de silence, ces belles pages de Sagi Nahor ne sauraient assurément
être touchées par la mise en garde de Saint-Martin, qui, depuis quelque trente
ans, a été, avec son premier maître dont nous ne saurions le séparer, notre
guide sur le chemin qui fait place à l’Esprit. Ainsi, dans
l’autonomie qui sied aux vrais sociétaires indépendants, par conséquent à
l’école du seul Maître, mon vieux frère Sagi Nahor, aujourd’hui, se tient droit
pour parler haut, dans le silence des serviteurs inconnus.
Serge Caillet
(extrait de la préface)