Au sortir de la seconde Guerre mondiale, trois livres ont marqué le renouveau du martinisme et des études martinistes. Tandis que Robert Amadou publiait son Louis-Claude de Saint-Martin et le Martinisme, inaugurant ainsi, dès 1946, un ensemble sans égal de publications constantes, sur un demi-siècle, Robert Ambelain produisait quant à lui coup sur coup deux livres qui on fait date.
Le premier, paru en 1946, à l’enseigne des Editions Niclaus, s’intitulait Le Martinsme, histoire et doctrine, avec ce sur-titre : « la franc-maçonnerie occultiste et mystique (1643-1943) », et le second, inclus dans la collection « Les survivances initiatiques » des Cahiers de Destin, en mars 1948, avait pour titre : Le Martinisme contemporain et ses véritables origines. Or, ces deux ouvrages, qui semblent a priori complémentaires - ce qui justifierait leur réédition en un seul volume - sont en réalité, et c’est là tout le paradoxe de Robert Ambelain, contradictoires sur un certain nombre de questions essentielles. Le second, d’une importance matérielle moindre, correspond à la transcription d’une conférence, qui corrige en effet quelques hypothèses trop hardies du premier, et rétablit ainsi pour la première fois des faits, aujourd’hui avérés, mais alors largement sujets à discussion.
Ces deux livres tant recherchés des amateurs, les voici enfin réédités pour la première fois en un volume, aux Editions Signatura auxquelles on doit déjà la réédition de Templiers et rose-croix, du même Robert Ambelain.
Il est vrai – qui oserait aujourd’hui le nier ? – que maintes suppositions du Martinisme, histoire et doctrine sont irrecevables ; répétons-le, après l’auteur lui-même. Cependant, ce même livre, qui, selon son surtitre, couvre tout juste trois siècles d’histoire, de 1643 à 1943, porte témoignage de l’esprit, des idées et de l’histoire de Robert Ambelain et de ses compagnons de clandestinité initiatique. Et il est, à ce titre, absolument irremplaçable. Quant au second, où excellent les qualités critiques de l’auteur - y compris s’exerçant sur ses propres écrits parus deux ans plus tôt -, il démontre courageusement le caractère controuvé de la filiation dite « de Saint-Martin », transmise par Papus, et de la filiation « coën » de Jean Bricaud. La préface que j'ai eu le plaisir de rédiger pour cette réédition s'en explique, en rappelant le contexte de la publication de la première édition de ces deux livres et en traçant le parcours martiniste de Robert Ambelain.
Serge Caillet