Le dernier chef-d’œuvre de Robert Amadou, Les Leçons de Lyon aux élus coëns (Dervy, 1999), réalisé avec le concours de Catherine Amadou, vient de revoir le jour dans une édition revue et corrigée (Dervy, 2011). Ce Cours de martinisme au XVIIIe siècle par Louis-Claude de Saint-Martin, Jean-Jacques Du Roy d’Hauterive, Jean-Baptiste Willermoz, pour reprendre le sous-titre du livre, publié d’après les manuscrits originaux (fonds Z et fonds Willermoz) constitue une somme indispensable à quiconque s’intéresse, en amateur ou en spécialiste, aux trois théosophes susnommés et à leur maître commun, Martines de Pasqually (1710 ?-1774). Merci à Catherine Amadou, qui poursuit aujourd’hui dans la discrétion l’œuvre de Robert, de nous procurer cette nouvelle édition, qui bénéficie notamment d’une mise à jour des innombrables références bibliographiques.
Ces textes désormais classiques, comprenant les leçons des professeurs et des notes d’auditeur, complètent admirablement le Traité sur la réintégration (éd. RA, Diffusion rosicrucienne) bien connu des martinistes et, plus généralement, de tous les apprentis théosophes. Maint thème du Traité s’y trouve en effet développé ou précisé par les trois émules du théurge de Bordeaux, Saint-Martin en tête. Du reste, d’autres thèmes, absents du Traité mais point étrangers à sa doctrine s’y trouvent précisés. Ces Leçons, données à Lyon, de 1774 à 1776, dans l’un des établissements les plus prestigieux de l’Ordre des chevaliers maçons élus coëns de l’univers, constituent une mine où, pourvu qu’il soit quelque peu persévérant, le cherchant ne cessera de trouver des pépites propres à satisfaire son désir. De précieux index l’y aideront.
Ces leçons des trois répétiteurs « lyonnais », de passage pour deux d’entre eux, qu’accueillait en son orient le troisième, bénéficient l’une introduction et d’une préface d’un quatrième théosophe, qui fut et demeure (je l’ai écrit, paraphrasant Joseph de Maistre quant à Saint-Martin, et je persiste) le plus sage, le plus instruit et le plus élégant des théosophes modernes. La préface et l’introduction très conséquentes de Robert Amadou sont un chef-d’œuvre de science et d’érudition, inégalé et assurément inégalable pour longtemps : le fruit d’une vie, le fruit d’une œuvre de plus de cinq décennies de recherches et de réflexion quant à l’histoire et quant à la doctrine, que ces leçons illustrent. Cette quadruple (il me démange d’écrire quatriple !) collaboration rend les Leçons de Lyon plus actuelles que jamais.
Serge Caillet